La fiancée de l’eau

Paroles et musique : La Rue Ketanou, album En attendant les caravanes, 2000.
Texte écrit lors d’un atelier avec des femmes incarcérées, d’après la pièce éponyme de l’écrivain franco-marocain Tahar Ben Jelloun (1984) :
Dans un petit village du Haut-Atlas, la belle Malika (la fiancée de l’eau) doit épouser le fils du Hadj Abbas, riche propriétaire de la région, qui vole la terre et détourne l’eau si précieuse des paysans berbères. Mais Malika aime Majdoub, poète errant, lunaire et marginal. Une femme revenue au pays, Harrouda, pousse les habitants à s’affranchir de l’oppression conjointe du pouvoir et de la religion. Les femmes du village se soulèvent, enlèvent la mariée le jour de ses noces et brisent les canaux qui détournent l’eau. La révolte est matée, et Malika meurt, mais le Hadj n’obtient pas ce qu’il convoitait…
* « Prince range ton drap blanc » : Au Maroc et ailleurs, lors des mariages traditionnels, la jeune épouse doit être vierge la nuit des noces : le drap blanc du lit conjugal, souillé de sang, est exhibé pour en attester…

Morte de sécheresse
la fiancée de l´eau
a marié son sang
à celui du ruisseau
prince range ton drap blanc*
prince range ton drap blanc
prince range ton drap blanc

Princ’ range ton drap blanc
il ne sera jamais
le drapeau rougissant
de sa virginité
regarde son honneur
regarde son honneur
regarde son honneur

Regarde son honneur
s´enfuir par la mort
regarde triste voleur
l´absence est dans son corps
tu peux creuser la terre
tu peux creuser la terre
tu peux creuser la terre

Tu peux creuser la terre
avec tous tes remords
creuser jusqu´en enfer
creuser, creuser encore
non, tu n´auras rien d´elle
non, tu n´auras rien d´elle
non, tu n´auras rien d´elle

Non, tu n´auras rien d´elle
il n´y a plus rien à prendre
elle s´est jetée au ciel
tu commences à comprendre
que tout n´est pas à vendre
que tout n´est pas à vendre
que tout n´est pas à vendre