Mutins de 1917

Chanson écrite et mise en musique en 1967 par Jacques Debronckart. Il s’agit d’un texte en hommage aux soldats qui furent fusillés lors de la bataille du Chemin des Dames au cours de la Première Guerre mondiale, et plus précisément des Mutineries de 1917. L’auteur s’adresse directement aux victimes, navré mais exprimant aussi une sourde colère contre l’oubli du sort de ces suppliciés : « […] À vos enfants on ne répète jamais comment finit leur grand-papa, il y a des choses dont on ne parle pas, mutins de 1917 ». Les généraux Joffre et Nivelle sont cités, et l’accent est mis sur les fautes de l’état-major français. La chanson a été interdite de diffusion sur les ondes nationales dès sa sortie. Ce n’est qu’en 1998, dans l’émission de Robert Arnaut, Histoires possibles et impossibles, qu’il a été possible d’entendre l’enregistrement original de Jacques Debronckart.

Vous n’êtes pas aux Monuments aux Morts
Vous n’êtes même plus dans les mémoires
Comme vos compagnons de la Mer Noire :
Vous êtes morts et deux fois morts
À vos petits-enfants on ne répète
Jamais comment finit leur grand-papa :
Il est des choses dont on ne parle pas
Mutins de mil’ neuf cent dix-sept

Sur votre dos, les Joffre et les Nivelle
Faisaient carrièr’ dans les états-majors
Leur humeur décidait de votre sort :
Aujourd’hui qui se le rappelle ?
Au lieu de s’emmerder en garnison
Au lieu de piétiner au même grade
C’était le temps béni de l’empoignade
Vous parlez d’un’ belle occasion…

Vous aviez fait tant d’assauts inutiles
Juste pour corser le communiqué
Vous vous sentiez tellement cocufiés
Tellement pris pour des imbéciles
Que vous avez voulu que ça s’arrête
Cet abattoir tenu par la patrie
Cette national’ charcuterie
Mutins de mil’ neuf cent dix-sept

Avant l’attaque arrivaient les cercueils
Et vous coupiez votre pain sur leurs planches
Tout juste si le crêpe à votre manche
N’annonçait votre propre deuil
Par malheur, la France n’était pas prête
Se révolter lui paraissait énorme
Ell’ bavait encore devant l’uniforme
Mutins de mil’ neuf cent dix-sept

L’Histoir’ vous a jetés dans ses égouts
Cachant sous les flots de la Marseillaise
Qu’un’ bonne moitié de l’armée française
Brûlait de faire comme vous
Un jour, sortirez-vous des oubliettes ?
Un jour verrons-nous gagner votre cause ?
J’en doute, à voir au train où vont les choses
Mutins de mil’ neuf cent dix-sept
Mutins de mil’ neuf cent dix-sept